Après la fleur et l’oiseau, voici que l’exposition d’été au Château de Flamanville est dédiée à l’arbre. Si le jardin conservatoire des dahlias et la corbeautière, tous deux présents dans le parc avaient inspiré les précédentes expositions, c’est l’arbre, personnage principal des abords du Château, qui nourrit cette proposition. Ici, le marronnier familier et bonhomme côtoie la silhouette altière du hêtre, à la cime duquel niche le corbeau freux. Dans l’allée clairsemée, l’un se penche aimablement vers le visiteur quand plus loin, là où résonnent d’entêtants croassements, l’autre semble monter la garde pour ses congénères à plumes. Inspirée par ces figures duales, l’exposition propose une incursion dans les imaginaires de l’arbre.
Personnifié, autrefois figure féminine dans l’antiquité grecque et latine, masculine dans les sociétés latines modernes, l’arbre est celui qui, tantôt stoïque tantôt vengeur, recueille et protège, piège et châtie. Parce qu’il échappe à notre entendement et littéralement nous dépasse, parce qu’il nous précède et nous survit, l’arbre, est le réceptacle de nos imaginaires, de nos espoirs et nos craintes.
C’est l’arbre de l’enfance, la nôtre comme celle du monde, que photographie Yasuyuki Takagi dans l’île de Yakushima et sa forêt vierge ; pénétrez dans sa touffeur et vous aboutirez au dessin du grand arbre de Loren Capelli à l’ombre duquel l’enfant mesure sa propre croissance et grimpe toujours plus haut. Une voix se fait entendre, qui nous conte une histoire d’arbre déraciné à Gap, de pièce de monnaie de la Rome antique et d’anneaux de Saturne, en une vidéo de Mathieu Bernard-Reymond qui relie racines et ciel, profondeurs de la terre et cosmos avec pour intercesseur, ce pin du jardin familial. Déraciné aussi cet arbre que l’on voit flotter en mer, dans le film de Salomé Jashi, sanglé sur un bateau, s’éloignant du village qui l’entourait pour gagner le parc d’un milliardaire en Géorgie. Chez Teo Becher, l’arbre de la forêt de Soignes, tronc, souche et branchages entremêlés, relie le passé antique d’une forêt primaire d’Europe du Nord à l’exploitation humaine contemporaine et ses scories. L’arbre qui s’étire et ouvre grand les bras accueille chez Riitta Päiväläinen d’étranges fantômes et rappellent lesdites loques dont les arbres votifs autrefois se couvraient. Quand en Pologne, nous révèle Natalia Romik, le tronc du chêne Josef se fait le refuge pendant la Seconde Guerre mondiale de deux frères juifs tentant d’échapper aux exécutions.
Dans le parc du Château, une série de photographies de Mélanie Dornier dédiée aux arbres à voeux se déploie.
Solidement enraciné dans une forêt primaire du Pacifique ou arraché à la place d’un village géorgien, complice tendre pour l’enfant ou refuge pour les persécutés de la guerre, l’arbre est ici sentinelle, tout entier aux aguets. Perméable à tout, à l’eau céleste comme à la folie terrestre, à notre fantasme d’éternité et à notre angoisse de finitude, l’arbre est repère : qui sait, peut-être lui saurait-il comment faire avec cette chose, l’existence ?

EXPOSITION CONÇUE PAR LE CENTRE PHOTOGRAPHIQUE ROUEN NORMANDIE

Date

Ouverture du 8 au 29 septembre 2024
JoursHoraires
Lundi 11h00 à 13h00 et 14h00 à 18h00
Mardi 11h00 à 13h00 et 14h00 à 18h00
Mercredi 11h00 à 13h00 et 14h00 à 18h00
Jeudi 11h00 à 13h00 et 14h00 à 18h00
Vendredi 11h00 à 13h00 et 14h00 à 18h00
Samedi 11h00 à 13h00 et 14h00 à 18h00
Dimanche 11h00 à 13h00 et 14h00 à 18h00

Situation