Dans l’État du Pará, au nord du Brésil, le capitalisme dévore la nature. Les arbres sont brûlés pour laisser la place à la culture du soja. C’est là que Milo Rau et son équipe se sont rendus, en pleine forêt amazonienne, afin de créer une Antigone pour le XXIe siècle.
« Il est des choses monstrueuses, mais rien n’est plus monstrueux que l’humain. » À l’écran, le choeur entonne son chant tragique. Un chant qui est une redoutable diatribe contre les protagonistes sur scène. Plans filmés et séquences en direct au plateau se répondent ; le dialogue est éloquent. Nous sommes à la fois au coeur de la mythique Thèbes et dans l’État de Pará où la jungle amazonienne brésilienne se désagrège, pillée et détruite irrémédiablement par des grands groupes industriels. Une Antigone incarnée par l’activiste autochtone de l’Amazonie, Kay Sara, au côté d’un choeur antique composé de survivants du pire massacre de la police militaire contre le mouvement MST en 1996. Une allégorie de la lutte politique et de la résistance acharnée face à l’implacable cupidité d’un monde moderne et dévastateur.