De la vallée des Moulins au cap Lévi

Le Tue-Vaques, nom du petit train de la ligne Cherbourg - Barfleur, inauguré le 8 juillet 1911, est ainsi nommé car il avait la réputation de tuer les vaches qui divaguaient le long de la ligne. Une locomotive tirait 6 wagons mixtes de 1er et 2e classes, pouvant accueillir entre 55 et 59 voyageurs. Le viaduc mesure 242.4 mètres de long sur 32 mètres de haut et 5 mètres de large. Ses 20 arches enjambent la vallée, campées bien solidement grâce à leur 7 000 m3 de granite taillé.

Tout du long de la vallée, vous verrez des biefs (ou bieu) : ce sont des conduites d'eau. Ils ont été aménagés afin de détourner la rivière pour alimenter et actionner les différents moulins. Ces biefs et leurs déversoirs sont pavés de pierre sur toute leur longueur ce qui représente un énorme travail. Il faut savoir qu'un bief appartient à un meunier, de la sortie de la roue précédente à l'entrée de la sienne.

L'eau est omniprésente dans la vallée des moulins. Partout, on entend le murmure du petit fleuve côtier qui serpente dans la vallée. Il n'est pas étonnant qu'elle joue un rôle particulier dans les croyances du Val de Saire. On pense, par exemple, qu'une source naît d'une fée qui pleure un amour déçu.
L'imagination populaire grouille aussi de Gobelins, sorte d'elfes plutôt bienveillants. Ils vivent dans les eaux. Par contre, méfiez-vous des eaux stagnantes car les Gobelins qui y demeurent sont méchants...

Afin d'éviter les naufrages et les incidents maritimes liés au développement du trafic vers le port de Cherbourg, les autorités maritimes jugent nécessaire d'édifier une tour au cap Lévi. Sa fonction est de servir d'amer le jour et de phare la nuit. En 1854 commence la construction d'un phare de forme carrée et d'une hauteur de 30 mètres. Il fut dynamité le 24 juin 1944 par l'armée allemande, et remplacé en 1947 par le phare actuel.

Afin de protéger Cherbourg, Napoléon 1er fait édifier, entre 1801 et 1806, 12 forts entre la Hougue et la Hague. Une batterie semi-circulaire de 35 mètres de diamètre, armée de deux bouches à feu, est construite sur le mont de Rouen au cap Lévi. Le fort ne sera pas terminé et il sera démilitarisé en 1875. Il est racheté par la famille Dumas-Vence, qui en fera un théâtre. Après la Seconde Guerre mondiale, l'industriel Félix Amiot l'acquiert pour y recevoir sa clientèle de prestige.
Aujourd'hui, il est transformé en chambres d'hôtes.

Le nom "cap Lévi" vient des scandinaves "kapel vik", Kapel signifiant la chapelle et Vik désignant une anse dans cette langue du Nord. On peut supposer qu'une chapelle servait d'amer aux Vikings pour venir mouiller dans cette crique abritée des vents. C'est ici qu'en 1172, Henri II Plantagenet, roi d'Angleterre et duc de Normandie, posa le pied sur le continent pour se rendre en terre sainte.

Les maisons témoignent de la présence prépondérante du granite dans géologie locale. Ce granite, que les géologues appellent "granite de Barfleur", s'est formé il y a plus de 300 000 millions d'années, à plusieurs kilomètres sous la terre. Ces roches ont été soulevées lors de la formation des hautes montagnes du massif armoricain, puis l'érosion a arasé ce relief et mis à nu la roche.

Elle est placée sous le vocable de Saint-Martin.
Il semblerait qu'une église, ou un lieu de culte, existait déjà à cet endroit au VIe ou VIIe siècle. Elle est de style roman, en forme de croix grecque (les quatre axes sont de taille égale).
Elle fut complètement rebâtie sur les fondations de l'ancienne en 1568. Le clocher a été construit sur la hauteur pour que tous les habitants entendent le son de la cloche.